Nous avons besoin d’élire un président modeste. Un président qui sait qu’il ne peut rien tout seul. Pas un président normal pour autant, on a vu ce que ça a donné. Il faut un président exceptionnel par la conscience qu’il aura du moment. Un peu comme est en train de le montrer Jo Biden. Le seul moyen d’avoir un président modeste en France compte tenu de notre régime politique est qu’il soit élu… par hasard. En tous cas, il ne faut pas qu’il croit que c’est par son seul mérite, on a aussi vu ce que ça a donné. La seule élection improbable est l’élection d’un président de gauche. Ça tombe bien parce que ce sont les seuls candidats à avoir compris, tous, qu’il fallait allier écologie, justice et démocratie. C’est clairement de ça dont nous avons besoin. Pour le reste, le programme, on demandera au successeur du Covid-19 et à la très pressante Transition de nous les dicter au fur et à mesure. Le président, le Parlement et les conventions citoyennes s’adapteront pour garder le cap. Seule la tempête est sûre, nous avons donc davantage besoin de navigateurs que de programmateurs.
Il faut donc rendre possible cette élection improbable sans que ce soit par le mérite de l’un ou de l’autre. Voilà l’enjeu pour avoir le président modeste et exceptionnel exigé par les circonstances. Rappelons-le, nous avons la décennie pour réussir une transition d’une ampleur jamais vue et, en 2022, Il ne restera que 8 ans. Le temps presse. Comment déjouer le sort et les sondages déjà bloqués sur le duel Macron-Le Pen ? Comment élire un président de gauche quand les prétendants sans enchaînés par le dilemme du prisonnier – ce prisonnier incapable de coopérer parce qu’il a plus à perdre s’il est trahi par ses rivaux-partenaires que s’il coopère alors que la coopération est pourtant la seule possibilité de libération. Comme les prisonniers de la fable, les forces de gauche doivent toutes coopérer pour atteindre l’une des deux premières places indispensables pour être au second tour mais aucun candidat n’a intérêt à se sacrifier pour les autres. Si nous laissons faire, ils n’ont aucune chance de victoire. Il faut un deus ex machina et en démocratie le peuple seul est deus, comme dit Rousseau. Nous devons être des millions à exiger qu’il n’y ait qu’un candidat. Si nous sommes des millions, chacun sera obligé d’en tenir compte sans avoir à se déjuger ou à perdre la face. Le peuple aura parlé. C’est l’œuf de Colomb. Contrairement aux tentatives laborieuses et chronophages de candidatures citoyennes des élections de 2017 qui n’eurent aucun succès malgré l’intérêt de la démarche, il est beaucoup plus « simple » de se battre sur un objectif volontairement limité à la désignation du candidat. Pas de programme à élaborer, pas d’inconnu à mettre sur la scène, pas de sélection préalable des candidats à la candidature par des primaires qui aboutissent au résultat inverse de celui attendu. Si l’appel à une candidature unique est massivement soutenu, la désignation peut alors s’opérer par la voie démocratique la plus appropriée, le tirage au sort ayant ma préférence, toujours dans le but d’avoir un président modeste qui ne pourra pas se prévaloir de ses mérites pour son élection. On peut aussi bien recourir au vote préférentiel qui permet le classement des candidats plutôt que leur sélection. Concentrons-nous pour le moment sur l’essentiel : obtenir des millions de signatures à un appel citoyen exigeant une candidature unique à la gauche d’En marche. C’est simple et ça tombe bien, cet appel existe. Il peut être signé ici.
Publie dans persopolitique.fr – le blog d’Hervé Chaygneaud-Dupuy